Les troubles du cycle menstruel

Suite à une infection au SARS-CoV-2, la majorité des patientes ne présente aucun changement dans leur cycle menstruel. Cependant, une étude récente menée auprès de 127 femmes positives au SRAS-CoV-2 a montré que 16 % ont signalé des changements dans leur cycle menstruel. Parmi ces 16 %, 35 % ont connu un cycle plus long (> 35 jours), 10 % ont eu un flux menstruel plus léger, tandis que 20 % ont signalé un flux plus abondant ou des saignements prolongés (> 7 jours), et 20 % ont eu des règles plus douloureuses.  A ce jour, il est impossible de différencier si ces troubles du cycle sont dus au stress occasionné par les symptômes de la maladie ou par le virus lui-même.

Les troubles sexuels

On note dans la population une diminution du désir sexuel chez 45% des femmes et une augmentation des douleurs lors des rapports suite à la pandémie. Toutefois, il n’est pas possible de différencier si cette diminution est due à l’infection, au stress suscité par l’infection ou au stress dû à la pandémie de manière générale.

La fertilité féminine

La fertilité dépend de nombreuses variables (désir sexuel, régularité des cycles, qualité ovocytaire, réserve ovarienne, intégrité de la cavité utérine et  perméabilité des trompes).

Le COVID par ses propriétés de stress oxydatif pourrait avoir un effet théorique sur la qualité ovocytaire. Toutefois, cela n’a pas été prouvé actuellement. Il n’existe aucune différence concernant le taux de l’hormone anti müllerienne (AMH) qui reflète la réserve ovarienne et le taux des hormones sexuelles chez les patientes ayant souffert du covid. Il n’y a pas d’impact sur la cavité utérine et les trompes.
 

Le Covid, plus grave chez les hommes ou chez les femmes ?

Bien que les hommes soient plus souvent affectés par un COVID sévère pendant la phase aigue, et présente un taux de mortalité plus élevé, le sexe féminin est associé avec un risque plus élevé de symptômes persistants suite à une infection au SARS-CoV-2. Les études sur les cohortes genevoises de personnes non-hospitalisées ont montré que le sexe féminin est associé avec 1.4 fois plus de risque de symptômes persistants après une infection au COVID-19 ; 1.4 fois plus de risque de fatigue, 1.5 fois plus de risque d’essoufflement et 1.6 fois plus de risque de maux de tête. Les femmes présenteraient aussi plus de fatigue musculaire, trouble du sommeil, dépression, anxiété.

Et si j’ai des symptômes suite à une infection au SARS-CoV-2, quand est-ce que tout rentrera dans l’ordre ?

Si vous souffrez de troubles du cycle, les études montrent qu’après 2 à 3 mois, les cycles se régularisent.
Si vous souffrez de diminution du désir sexuel ou d’augmentation de syndrome prémenstruel persistants, il est important d’évaluer votre humeur auprès d’un spécialiste. En effet, il est possible que ces symptômes soient engendrés suite au stress émotionnel dû à la pandémie du COVID-19.

Si vous désirez entreprendre des démarches pour un traitement de fertilité, devez-vous reporter ?

A ce jour, les études ne montrent pas d’impact sur les traitements en termes de taux de grossesse, fausse couche ou naissance vivante. Concernant la fécondation in vitro, il n’y aurait pas d’impact sur la qualité ovocytaire, le taux de fertilisation, le taux de grossesse et de naissance.

Certaines études ont montré une légère diminution du nombre d’embryons obtenus. On sait que le Covid augmente le stress oxydatif et dans ce contexte, certaines équipes recommandent de retarder de 3 mois les procédures de procréation médicale assistée. Toutefois, les analyses du liquide folliculaire et des ovocytes n’ont pas retrouvé la présence du virus SARS-CoV-2. De futures études de qualité supérieures sont nécessaires pour valider ces données. 

Existe-t-il un traitement pour tout rétablir comme avant ?

A ce jour, il n'existe pas de traitement spécifique. Il est possible de prendre des vitamines pour renforcer son système immunitaire et des antis oxydants tels que le Coenzyme Q10 qui pourrait avoir un effet bénéfique sur les ovaires, mais il n’existe pas d’évidence scientifique fiable à ce jour.

Impact social

Les symptômes persistants suite à une infection au SARS-CoV-2 touchant plus souvent les femmes que les hommes peuvent potentiellement aggraver les inégalités sociétales entre les femmes et les hommes. Des femmes plus touchées, et souffrant à long terme, vont avoir plus d’impact sur leur vie professionnelle, sociale et familiale. Le rôle de la femme étant aussi traditionnellement la proche aidante des enfants et de la famille, elle pourrait être amenée à diminuer son taux de travail ou s’arrêter pour s’occuper d’enfants ou adolescents touchés par le post-COVID.

Grossesse

Il n'y a pas de contre-indications de grossesse chez les personnes souffrant de symptômes persistants post-COVID. A ce jour, il n'existe pas de lien entre les symptômes persistants post-COVID et la probabilité de tomber enceinte. Comme la grossesse est une période qui peut être fatigante en soi, les symptômes post-COVID pourraient être davantage ressentis pendant cette période. Pour en savoir plus, vous pouvez lire les informations par symptôme et en discuter avec votre médecin traitant ou votre gynécologue.

Références

Carp-Veliscu, A.;  The Effects of SARS-CoV-2 Infection on Female Fertility: A Review of the Literature.  Int. J. Environ. Res. Public Health 2022, 19, 984. https://doi.org/10.3390/ijerph19020984
Kezhen Li, Analysis of sex hormones and menstruation in COVID-19 women of child-bearing age, RMBO, 2021

Kezhen Li, Analysis of sex hormones and menstruation in COVID-19 women of child-bearing age, RMBO, 2021

Bechmann N, et al. Sexual dimorphism in COVID-19: potential clinical and public health implications. Lancet Diabetes Endocrinol. 2022 Mar;10(3):221-230. doi: 10.1016/S2213-8587(21)00346-6

Phelan N, The Impact of the COVID-19 Pandemic on Women’s Reproductive Health. 2021, Front. Endocrinol. 12:642755. doi: 10.3389/fendo.2021.642755